Paire d’aiguières dites « aux Renommées » en bronze très finement ciselé ou doré et marbre blanc de Carrare Paris, époque Empire, vers 1810.
Hauteur 75,5cm ; largeur 24,5cm ; base 13,7cm x 14cm.
Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou doré à l’or mat ou à l’or bruni et en marbre blanc de Carrare, chaque aiguière présente une composition particulièrement élaborée formée d’un vase à panse allongée sculptée de feuilles stylisées ou d’acanthes et rythmée d’un bandeau orné d’un cortège de jeunes femmes dansant et célébrant l’Amour.La partie haute du vase se resserre et reçoit le col émergeant d’un bouquet feuillagé, ponctué d’un bandeau à frise de canaux, agrémenté d’un masque masculin se détachant sur des feuillages et sur lequel vient se rattacher une anse détachée terminée par une figure de renommée qui tient des deux mains la partie arrière du déversoir simulé.
Le piédouche évasé est richement décoré de bagues et tores à rangs de godrons et repose sur une base carrée supportée par un contre-socle quadrangulaire.
Ce modèle de vases, à la composition parfaitement équilibrée, connut un immense succès auprès des grands amateurs parisiens, et plus largement européens, dans les premières années du XIXe siècle.
C’est le bronzier Claude Galle qui créa le modèle en le déclinant essentiellement en bronze patiné ou doré, et parfois, pour les exemplaires les plus luxueux, en associant le bronze au marbre, comme c’est le cas sur les présentes aiguières.
Ainsi, nous pouvons citer plusieurs aiguières uniquement en bronze doré et patiné : une première paire, anciennement sur le Marché de l’Art londonien, est illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.364, fig.5.12.6) ;
une deuxième a fait partie de la collection Mancel-Coti (parue dans C. Bizot, Mobilier Directoire Empire, Editions Massin, Paris, p.65) ;
enfin, une troisième appartient aux collections du Mobilier national à Paris (reproduite dans M-F. Dupuy- Baylet, L’Heure, Le Feu, La Lumière, Les bronzes du Mobilier national 1800-1870, Editions Faton, Dijon, 2010, p.248-249).
Les aiguières composées de panses en marbres ou pierres dures sont elles excessivement rares, citons particulièrement la description d’une paire de ce type tirée de l’inventaire après décès de Louis-Alexandre Berthier, prince de Wagram et célèbre maréchal de l’Empereur Napoléon, dressé dans son hôtel parisien en 1815 : « Deux grands vases en marbre dit jaspe de Sibérie imitant le jaspe fleuri donnés à SA (Son Altesse) le prince de Wagram par SM (Sa Majesté) l’empereur de Russie Alexandre 1er ; les dits vases en forme d’aiguières ayant chacun une anse formée par une figure de femme ailée en cuivre doré et enrichis de bronze dorés au mat...1200 francs ».
Claude Galle (1759-1815) figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et de l’époque Empire. Dans un premier temps, il collabore avec le fondeur Antoine-André Ravrio et avec Jean-Hauré, par l’intermédiaire duquel il participe à la création de certaines pièces d’ébénisterie de Guillaume Benneman destinées à la Couronne. Sous le Consulat et l’Empire, il devient l’un des principaux concurrents de son confrère Pierre-Philippe Thomire et fournit de nombreux bronzes d’ameublement pour le Garde-meuble impérial, en participant notamment à la décoration des palais de Compiègne et de Fontainebleau, ainsi qu’à celle des palais du Quirinale à Rome et de Stupinigi à Turin. Il se retire des affaires vers 1813 et son fils, Gérard-Jean, reprend l’activité de l’atelier paternel.